vendredi 15 septembre 2017

Berger : et maintenant que va-t'il ne pas faire ?

Attention, avis aux âmes sensibles, ce billet est légèrement polémique. Quelque chose au moins aura pu nous amuser, faut bien rire en ces temps, même si c'est jaune, jaune précisément comme sait l'être Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Qui d'autre en effet qu'un syndicat jaune eût pu se livrer  à cet appel à la non-grève en plein mouvement social l'année dernière contre la loi El Khomry ?
Berger aujourd'hui se sent et se déclare "déçu" par le contenu des ordonnances de la loi travail version Macron. Comme on dit dans les cours de récréation, bien fait pour lui ! Il ne voit dans ces ordonnances aucun élément qu'il pourrait soutenir au nom de la prétendue "démocratie sociale", ou de l'idée qu'il s'en fait. Comme si la "démocratie sociale" avait été à l'œuvre lors de l'adoption de la loi El Khomry !

On remarquera que Berger s'est fait damer le pion par un Mailly, premier responsable de FO, qui de son côté revendique d'avoir été pendant l'été un interlocuteur privilégié du gouvernement. Qui dit mieux ? Ce serait même grâce à lui que la loi travail serait moins dure que prévu, notamment en laissant quelques miettes aux négociations de branche. Des miettes qu'il se fera un plaisir de digérer à la santé de Macron. Par rapport au positionnement de FO l'année dernière, c'est à ni rien comprendre. Quels intérêts derrière tout ça ?

ET Berger, pourquoi est-il déçu au fond ? La CFDT, ou plutôt sa direction nationale, accompagne sans quasiment aucune hésitation, soutient même, toutes les réformes que les gouvernements néo-libéraux, de droite comme prétendument de gauche, nous servent depuis plus de trente ans.

Déçu notre Berger de voir que la place privilégiée que la CFDT occupe à détricoter le contrat social pourrait lui être ravie, ou au moins disputée, par le secrétaire général de Force Ouvrière. Déçu aussi sans doute que le pouvoir actuel, en quelque sorte, ne lui ait pas renvoyer l'ascenseur.

Berger est donc fidèle à lui-même, comme le fut avant lui, Edmond Maire d'abord, puis Jean Kaspar, Nicole Notat, Chérèque père ou fil et tous ceux qui dans cette confédération ont suivi le mot d'ordre du "modernisme", de la "concertation", du "réalisme" mais au prix de la remise en cause de nos principaux acquis sociaux, dans le secteur privé comme dans le secteur public, les reculs des uns entraînant le recul des autres dans une dynamique infernale.

Il est à noter que la journée du 12 septembre n'a pas trop souffert de la non participation de FO et de la CFDT. La CGT principalement, mais aussi la FSU ou Solidaires, ont su mobiliser autant de salariés que lors du mouvement de l'an dernier dans ces débuts.

Que va faire Berger maintenant ? On ne l'entend plus. Va-t-il reprendre le train en marche pour donner une chance à la CFDT d'exister à nouveau en tant qu'organisation syndicale et non simplement comme supplétive d'un pouvoir décidé à s'en prendre frontalement au monde du travail ?
On a vu des militants de la CFDT dans les cortèges le 12 septembre, plus conscients que ne l'est leur patron du péril historique que représentent ces ordonnances pour notre contrat social.

On n'a pas besoin de Berger au vu des trahisons passées, mais gageons que cela le fera réfléchir.

JMG

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