Il est clair aujourd’hui que le
pouvoir en place veut la mort du statut de la fonction publique, et plus
précisément de son versant territorial. Sont concernés les 1 886 000 agents
territoriaux (sur 5 480 000 au total des trois versants de la
Fonction publique) qui œuvrent dans les collectivités territoriales, régions, départements,
communes, établissements publics locaux…
Tout cela dans un contexte de
diminution des postes d’agents publics pour préparer des privatisations
annoncées dans le plan « action publique 2022 ». Ce plan prévoit la
suppression de 70 000 postes de fonctionnaires territoriaux d’ici à
l’année 2022.
Pour les cadres de la fonction
publique, qu’ils soient des cadres d’emplois des administrateurs, attachés, ingénieurs,
rédacteurs, techniciens, agents de maîtrise, le statut dans ce contexte social
préoccupant revêt une importance primordiale.
Les cadres de la fonction publique
territoriale sont en effet en prise directe avec les pouvoirs politiques locaux
à la merci parfois d’un clientélisme qui par nature va à l’encontre de
l’intérêt général des populations.
Ainsi la neutralité de la
fonction publique est-elle essentielle
pour que les agents publics, en particulier les cadres, puissent mener leur
missions de service public dans une relative indépendance même s’il n’est pas
question de contester les pouvoirs et les compétences des employeurs publics. Au
contraire c’est en préservant le statut de ceux qui sont en charge du
fonctionnement des services publics locaux que la démocratie sera protégée.
Les carrières des agents cadres de
la FPT ne doit pas être soumise exclusivement au bon vouloir de ces élus selon
des impératifs électoraux ou politiciens. Les élus doivent servir la République
et ils le feront d’autant mieux s’ils peuvent s’appuyer sur des personnels
d’encadrement compétents, serviables et non serviles, qui soient techniquement
garants des lois et règlements, qui aident efficacement à la prise de décision
politique.
C’est pourquoi l’on doit
s’inquiéter de l’adoption définitive de la loi sur la fonction publique du 6 aout 2019. Même si on entend
encore quelques décrets d’application cette loi est désormais exécutoire. Nous
demandons son abrogation pure et simple. Elle remet en cause le cadre
statutaire originel qui actait de la séparation du grade et de la fonction.
En même temps qu’on précarise les
agents publics on fragilise de fait le fonctionnement des services publics. Le droit à la carrière doit s’appliquer de
manière à protéger l’indépendance et la neutralité des fonctionnaires. Le « mérite » notion toute
relative, surtout lorsqu’il est apprécié par les employeurs, doit être évalué
au regard d’une formation initiale et professionnelle sanctionnée par des
concours internes permettant aux cadres territoriaux (ICTAM Ingénieurs, cadres,
techniciens, agents de maîtrise) d’avoir une carrière évolutive qui reconnaisse
les vertus et les talents professionnels de chacun indépendamment de
préoccupations politiciennes ou électoralistes.
Les cadres comme l’ensemble
des fonctionnaires territoriaux ont vu leur pouvoir d’achat considérablement
baissé, baisse de l’ordre de 17% en moyenne depuis 2000, due en particulier au
blocage du point d’indice. Celui-ci devrait être de 5,443 euros alors qu’il
n’est que de 4,686 euros. Il y a lieu de revaloriser d’urgence cet indice pour rattraper la perte de pouvoir d’achat, (238
euros mensuel en moins pour les catégories B, 450 euros en moins pour les A.)
Il est aussi urgent de revaloriser les grilles
indiciaires pour ne pas céder à la tentation de primes en dehors des cadres de
rémunération.
Les cadres sont plus
particulièrement à la merci de l’arbitraire qui accompagne le principe de ces
primes, le RIFSEEP notamment, (régime indemnitaire de fonction, de sujétions,
de l’expertise et de l’engagement), instauré depuis décembre 2016, est de nature à saborder peu à peu une
fonction publique de carrière. La CGT notamment demande que ces primes soient intégrées
dans les grilles de rémunération des divers cadres d’emploi.
Ces primes déstabilisent, au regard
de l’égalité entre les femmes et les hommes, les cadres d’emploi de certaines
filières, par exemple la filière administrative (attachés, rédacteurs) particulièrement
féminisée par rapport à d’autres. Il apparait que les filières culturelle ou
animation sont également touchées par ce manque évident d’équité au regard de
ces primes.
Il est donc urgent de ne pas faire
de ces primes la pièce maîtresse des systèmes de rémunération. D’autant plus
qu’elles instaurent, selon la richesse des collectivités, ou selon leur
importance démographique, des inégalités entre les territoires. Ce phénomène
est dommageable du point de vue de l’égalité de traitement des citoyens devant
les services publics locaux auxquels les cadres de la fonction publique
territoriale sont attachés.
Le droit à la carrière doit être
réaffirmé pour l’ensemble des cadres de la FPT. Carrière reposant au moins sur
deux grades par catégorie. Les changements de catégorie ne doivent se faire que
par concours, notamment interne.
Les avancements de grade doivent s’opérer
indépendamment d’une fonction d’encadrement ou d’expertise. L’expertise en
effet doit être autant reconnue que le rôle d’encadrant pour déterminer ces
avancements.
La question du mérite doit donc
être revisitée et surtout ne pas servir de base à une discrimination syndicale
insupportable, que l’on subit malheureusement de plus en plus au sein de nos
collectivités. L’évaluation des compétences, notamment dans le cadre de
l’entretien annuel, doit se faire au regard des perspectives professionnelles
et non uniquement sur une valeur professionnelle difficile à mesurer.
Il est nécessaire et légitime de demander l’abrogation de la loi dite de transformation de la fonction publique. Nécessaire et légitime de lutter en particulier contre les contrats de projet (durée de
un à six ans) qui vont faire exploser le nombre de contractuels et précariser
les ICTAM fragilisant par là-même les services publics locaux.
Nécessaire et légitime de se battre contre l’élargissement des possibilités de
recrutement de non-titulaires pour remplacer des agents momentanément
indisponibles ou à temps partiel, ou en vue de pourvoir des emplois
fonctionnels dans les communes et intercos de plus de 40 000 habitants.
C'est à ce prix et grâce à ces engagements que seront préservées la démocratie locale comme l'égalité d'accès des citoyens aux services publics locaux.
JMG
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