mardi 23 mars 2021

Capitale pandémie

La pandémie, s'il en était besoin, aura révélé la noirceur et l'impasse désespérante du tout capitalisme. Nous ne connaissons le capitalisme qu'à travers ses symptômes, nous n'en connaissons pas vraiment le cœur, et c'est pourquoi il peut rester étonnamment insaisissable, une insaisissabilité qui le renforce et le rend pour lui-même encore plus efficace. C'est pourquoi il est si difficile à combattre, invisible, incolore se parant de toutes les vertus pour mieux tromper son monde et enfin le tuer. Il fait du monde sa poule aux œufs d'or, le désir de mort est en lui.

La crise sanitaire que nous vivons et endurons aujourd'hui ne lui est pas étrangère, elle est son produit, sa création. Cette crise qui s'insinue partout dans nos idées, nos inter-actions, constitue dans le même temps un révélateur de ce qu'il est. Elle le manifeste. Cette crise dite sanitaire,  plus encore que la crise sociale qui pourtant existe depuis des décennies, réussit à lever une partie du voile qui jusqu'ici l'avait protégé (et son variant le néo-libéralisme, encore plus nocif) du regard critique citoyen.

Le néo-libéralisme s'impose par sa capacité de séduction au travers de la publicité et la propagande, mais aussi, nécessité faisant loi en pleine crise sanitaire, par son aplomb, sa violence et sa brutalité. 

Cette brutalité, et là le lien avec la pandémie est quasi évident, on l'a voit avec Sanofi dont les dirigeants ne pense que profits, le retard pris par la fabrication d'un vaccin n'est pas un hasard. Il révèle opportunément le manque de soutien des pouvoirs publics à la recherche et au développement. Ces derniers ont préféré privilégier et laisser faire l'avidité du groupe à faire des profits au détriment de la santé publique. En 2009 le groupe prenait pour objectif d'augmenter les bénéfices versés aux actionnaires de 35 à 50%. En dix ans le groupe aura supprimé près de la moitié des postes en recherche développement.

Que dire également de la lente mise à mort de l'hôpital public que l'on voudrait voir privatisé, et de la Sécurité Sociale dont le déficit délibéré est  prétexte, à moins d'un sursaut salutaire, à une disparition annoncée et voulue par certains ?

Cette brutalité peut même se manifester dans l'œil du cyclone capitalistique  On l'a vu récemment avec Danone dont des actionnaires pourtant minoritaires ont réussi à détrôner le PDG, Emmanuel Faber, qui pourtant voulait donner au groupe qu'il dirigeait, petit ou grand miracle, ou simplement mirage, une dimension plus responsable en matière d'écologie voire en matière économique ou sociale. 

Plus grave encore la menace qui pèse sur la politique énergétique du pays et des moyens qu'il se donne, ou pas. Ainsi le projet Hercule qui vise à privatiser EDF, exceptées bien sûr ses branches financièrement non rentables. Cela signerait la fin de la maîtrise publique de l'énergie à l'heure pourtant où le gouvernement Macron se pare de lutter contre le réchauffement climatique. Bien entendu les activités financièrement les moins rentables resteront dans le giron public, et ce sont les moins riches, a travers une fiscalité injuste et déséquilibré, par le biais d'une tarification elle-même inégalitaire, qui paieront les pots cassés. Tout cela se passe dans une quasi-indifférence générale permise par une préoccupation sanitaire qui tombe à point nommé.

Non, ils n'ont honte de rien ces nouveaux mais si rances capitalistes dont le court-termisme est le champ de bataille pour détruire tout ce qui fonctionne en commun dans nos sociétés. 

Nos sociétés sont en danger grave et la pandémie actuelle qui nous fait tant parler, ou tant pépier même si c'est à raison,  n'est finalement qu'un aspect de cette "crise" triomphante d'un capitalisme gâté à mort par une spéculation financière incontrôlable et indifférente aux enjeux environnementaux. 

Les pouvoir en France comme malheureusement dans la plupart des pays d'Europe au lieu de contenir les excès de ce capitalisme, d'en contrôler ou de réguler les effets, ont fait le choix au contraire de l'encourager dans sa folie destructrice.

Face à cela, la gauche est toujours aussi divisée et la droite d'autant plus forte, non pas la droite partisane forcément, mais une droite profondément conservatrice et raciste, qui mêle de plus en plus, jusqu'à fomenter des accords de plus en plus clairs, "macronistes", "LR" voire Rassemblement National. La porosité entre ces divers droites, dans une confusion idéologique endémique, est redoutable.

La gauche dispersée, syndicale, politique, associative, doit se rassembler, au plan idéologique comme au plan organisationnel,  pour sauver ce qui peut l'être encore de la république sociale.

JMG



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