samedi 17 octobre 2015

Valls et l'anticégétisme primaire

La crise d' "Air France" aura révélé, s'il en était encore besoin, la véritable nature politique de notre premier ministre et donc par extension, celle de son gouvernement, solidairement attaché à la stratégie conduite et à la manière dont est envisagé ce qu'on appelle encore le dialogue social.

Alors que l'affaire Cahuzac n'en était encore qu'à ses balbutiements, et pour cause, Valls le 4 avril 2013, déclairait dans une émission de radio : "déclencher les enquêtes n'est pas de mes prérogatives". On sait ce qu'il advint de cette affaire qui restera une des grandes hontes du quinquennat de François Hollande, et qui surtout aura plongé dans la désillusion et l'amertume de nombreux militants du parti socialiste, et dans la perplexité l'ensemble de l'électorat de gauche. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit un ministre "socialiste", chargé de combattre la fraude fiscale, la pratiquer lui-même avec autant de constance et de conviction.

Pour "Air France", dont l'Etat est encore le principal actionnaire, c'est une autre sémantique qui a été tout récemment employé par notre premier ministre. Ainsi, suite à des déchirures de chemises certes condamnables, employait-il les termes de "voyous" contre lesquels il faudrait prononcer "des sanctions lourdes". L'ennemi ce n'était donc pas la finance mais bien des salariés, et parmi eux des syndicalistes, auxquels on confisquait brutalement le travail et la dignité.

Le premier ministre fut relayé et encouragé par des membres éminents du parti socialiste, tout comme ici à Lons-le-Saunier, par un ancien de ces membres, président battu du conseil départemental, tout nouveau adhérent du mouvement des radicaux de gauche (on se demande pourquoi). Et donc Valls, pour tous ces gens, avait raison : au lieu de la finance, au lieu d'une gestion calamiteuse et de la concurrence déloyale qui sont les véritables responsables de tous ces maux, il fallait clouer au pilori cinq malheureux salariés dont on découvrait, comme une cerise sur le gâteau de l’anti-syndicalisme primaire, qu'ils faisaient pour certains partie de la CGT.

Et donc Haro sur ce syndicat, qui fête ces jours-ci ses cent-vingt ans, et sur l'ensemble de ses militants. On sait pourtant que certains d'entre eux furent à l'origine de l'exfiltration des deux cadres d'Air France. Ces derniers, grâce à ces mêmes militants, ne perdirent que leur chemise, seulement leur chemise.

On peut retenir de cette histoire que les gens qui sont au gouvernement aujourd'hui, bien qu'issus d'un parti censé les représenter et les défendre, ne connaissent pas grand chose du monde des salariés pour la simple raison qu'ils n'en firent jamais partie. Que connaissent Valls, Macron, Hollande du monde du travail ?
Dès lors, bien que "socialistes", comment peuvent-ils savoir ce qu'est un syndicat ? Et de quoi sont faites les luttes ? Ils n'en connaissent aujourd'hui que ce que peuvent marteler des media plus sensibles aux injonctions du Medef qu'à celles des organisations de travailleurs.

 D'où les fautes politiques et les erreurs d'un gouvernement dont l'action la plus remarquable aura été de tracer et de préparer une avenue pour l’avènement des droites extrêmes.
La politique ayant horreur du vide, il est à craindre que celles-ci ne manqueront pas de l'emprunter.

JMG

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