samedi 24 octobre 2015

La réforme territoriale, une stratégie du choc à la française

Standard & Poors, l'agence de notation, s'intéresse aux régions qui vont passer, aux termes de la loi NOTRe (loi portant nouvelle organisation territoriale de la République), de vingt-deux à seulement treize.
Continue-t-on ainsi à vouloir imiter l’Allemagne ? Alors même que le poids budgétaire des régions françaises restera, malgré la réforme, ridiculement bien inférieur à celles d'outre-Rhin ?
Réforme phare, voire pharaonique, qui n'était pas prévue dans les soixante propositions du candidat Hollande, mais réforme qui présente l'avantage de faire oublier, peut-être !, le désastre de la politique économique actuellement menée. L'accroissement indéfectible d'un chômage de masse, on le sait, n'est pas l'effet du hasard, c'est bien le résultat d’une politique d'inspiration néo-libérale qui sape le moral de l'ensemble de la société.
Les souffrances qu'endurent les chômeurs, qui par ailleurs seront encore plus contrôlés, ne mériteraient-elles pas qu'on s'y attarde sérieusement ? A la place, comme pour cacher la misère au sens propre comme au figuré, le gouvernement propose cette réforme qui loin de rendre les régions plus efficaces les rendra certainement plus coûteuses. On nous avait pourtant vanté que cette loi révolutionnaire constituerait par-dessus tout une réelle et prodigieuse source d'économie d'échelle.

Et donc du point de vue du pouvoir, la plaie de notre société, c'était bien avant tout ce maudit mille-feuilles administratif qu'il fallait à tout prix remettre en cause ! Et voilà, c'est fait, comme une lettre à la poste, tant les citoyens n'y comprennent pas grand'chose, et surtout ont d'autres préoccupations, d'autres inquiétudes.
Sans parler ici des autres versants de la réforme territoriale ( suppression de la clause générale de compétences, métropoles, départements, fusion des communes …), la constitution des nouvelles régions est en train de déstabiliser l'ensemble du système administratif français comme si celui-ci avait besoin de ce chaos artificiel concocté par des politiciens en mal de stratégie politique.

Mais, alors que ce pouvoir comme ceux qui l'ont précédé font tout et n'importe quoi pour plaire aux marchés financiers, un de leur affidés, Standard & Poors, clame aujourd'hui que la fusion des régions ne sera la source d'aucune économie.

Cette agence, qui donne des notes aux institutions comme on un instituteur peut donner des bons ou des mauvais points à des élèves respectueux ou soumis, estime que la réforme territoriale, sous l'angle singulier de la fusion des régions, n'aurait aucun effet d'économie sur la Dépense Publique, grand Satan désignée de l'économie néo-libérale.

D'autant que Standard & Poors pointe aussi que les baisses des dotations de l'Etat, pour l'ensemble des collectivités locales, entraîneraient une diminution des investissements d'au moins trois milliards d'euros entre 2014 à 2016 (ce sera d’ailleurs probablement beaucoup plus élevé), sans que les impôts locaux baissent pour autant !
Et donc là aussi mauvais point pour Valls, Hollande, Macron, la réforme à cet égard ne servirait donc à rien, elle entraînerait même, dans un premier temps au moins, des surcoûts supplémentaires. Rappelons qu'à l'origine il avait été question, puisque le nombre des régions diminuait, de réduire d'autant le nombre des élus. Cette idée, sans doute pour ne décevoir personne, aura été bien vite abandonnée.

Nous ne sommes qu'au début de l'application concrète de la réforme. On entend déjà, et de plus en plus fort, les échos de la désorganisation des services déconcentrés de l'Etat qui eux aussi sont concernés comme ils l'ont été déjà à l'occasion des phases antérieures de cette prétendue "décentralisation".
Il faudra aussi compter les risques psycho-sociaux qui pèseront sur l'ensemble des agents publics, et s'attendre à la désorganisation de l'ensemble des services publics locaux.
N'est-pas là une sorte de stratégie du choc à la française ?

Quel en seront les effets ou les buts ultimes ? Le risque n’est-il pas au fond de désorganiser ces services publics pour les rendre encore plus vulnérables à des privatisations qui, elles, pourront bien plaire aux agences de notation et à tous ceux auxquels elles pourront profiter ?

JMG










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