vendredi 20 septembre 2019

Le Pen n'est pas présidente mais...

Macron a jeté lundi dernier,  à l'occasion d'un pot-séminaire offert à ses parlementaires, le thème de l'immigration dans le débat national, comme on jette de la viande à des chiens pour qu’ils en fassent rapidement leur affaire.

Il entend bien faire de l'immigration, après Sarkozy et avec Le Pen, un objet privilégié du débat politique. Avec l'aide toujours fidèle des principaux médias, il y réussit, même si le mérite est tout relatif tant le gisement électoraliste sur ce thème est toujours aussi prometteur et fécond. Pourquoi se gêner, pourquoi s'interdire d'utiliser ce moyen qui jusque-là a toujours fait ses preuves ? Le président de la république ne fait là que reprendre un vieux thème, un des plus rances qui soient, qui font traditionnellement le jeu des droites et des conservatismes. Le comble du cynisme est atteint lorsque notre grand bourgeois de Président prétend relancer ce débat au nom et en défense des classes populaires, lesquelles sont composées en grande partie de personnes immigrées ou issues de l'immigration.

La France est le pays d’Europe, avec le Portugal, qui accueille le moins d'immigrés sur son sol, 6,3 % seulement contre 8,7% en Allemagne par exemple, ou 8,1% en Italie (chiffres eurostat). C’est d'ailleurs assez mauvais signe pour notre industrie, cela signifie que le gros de l’activité industrielle n’est plus de notre côté.
S'agissant des demandeurs d'asile Eric Fassin rappelait récemment qu'ils ne sont que 150 000 pour un pays de plus de 67 000 000 d'habitants... Il n'y donc pas le feu au lac, moins encore de submersion de notre beau pays, pas même de quoi fouetter le racisme ordinaire.

Par cette instrumentalisation honteuse, et sous le prétexte qu'il faut débattre de tout, Macron le populiste espère ainsi faire oublier tout le reste, c’est-à-dire l’essentiel, le chômage devant lequel il se montre impuissant, ou contre  la pauvreté qui s’insinue fermement dans la société française, impuissant ou involontaire à lutter contre la désindustrialisation de la France. Les victimes sont toujours les mêmes, victimes expiatoires à la merci de l’ignorance et de la bêtise alimentés par des chiffres le plus souvent falsifiés ou intentionnellement mal interprétés.

Ces constructions servent à consolider des postures politiques de haine et de rejet des étrangers accusés d'être à la base des crises économiques et sociales. Tous ceux qui ont voulu faire barrage à le Pen en votant Macron dès le premier tout en 2017 en sont pour leur frais, ou bien le cynisme les aura définitivement habités.

Les immigrés pourtant constituent pour les pays européens une vraie chance de surmonter un déficit démographique qui pourrait les faire disparaître.  Sans les immigrés la « croissance », je préfère dire l'activité, ne seraient même pas ce qu’elle sont aujourd’hui, les immigrés apportant plus de richesses qu’ils ne coûtent à la société. La contribution des immigrés aux budgets publics s’élève à 12 milliards d’euros, bien davantage que ce qu'ils "coûtent ".

L’identité française,  parlons-en, ne peut se complaire dans cette démagogie sordide. Macron et ses soutiens savent très bien ce qu'ils font, ils ne sont pas innocents.


JMG




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