lundi 18 septembre 2023

Lois de finances 2024 : danger

Emmanuel Macron et ses soutiens, oligarques, mais aussi ses parlementaires « playmobil », ou membres de la droite élargie qui ne voit que ses propres intérêts, tel Eric Woerth ancien ministre du budget ayant trouvé là une ultime occasion d’exister politiquement, tous ces gens collaborent à saper les institutions sur lesquelles sont bâties les solidarités nationales susceptibles pourtant d’assurer une cohésion sociale nécessaire à la démocratie. Y sont-ils d’ailleurs attachés à cette démocratie alors qu’ils pourfendent ainsi l’Etat Social ?

C’est donc autour de ce risque a-démocratique que le travail souterrain se poursuit dans le plus grand mépris de l’intérêt général et contre une classe, celle des salariés, qui ne sait plus comment riposter, soit par découragement, soit aveuglée et trompée par une propagande gouvernementale, diviseuse et sournoise, alimentée par le caractère soit disant incontournable d’une « dette » sacro-sainte.

Se préparent actuellement, en cet été porteur de toutes les angoisses, dans la moiteur des cabinets ministériels, plus singulièrement à Bercy, les projets de loi de finance de la sécurité sociale comme celui de l’Etat.

Et comme toujours les conséquences sont concrètes même si, pour faciliter leur acceptation par la population, ces mesures peuvent être distillées à doses homéopathiques, mais, et c’est là que le bât blesse, depuis plusieurs années maintenant. On pourra toujours considérer que 50 cts d’euro de reste à charge pour un médicament est une somme modique et doubler cette somme ne portera pas à conséquences. Mais avec les années et les réformes successives il n’en reste pas moins que le taux de couverture de la sécu n’est plus aujourd’hui que de 50% en moyenne.

L’année 2024 verrait la franchise médicale ainsi que la  participation forfaitaire doubler sous le prétexte qu’il faut « sauver » la sécurité sociale insinuant par la même occasion l’irresponsabilité de l’ensemble des assurés sociaux. Cette franchise concernerait aussi le paramédical. Ce genre de mesures sera sensible pour les plus modestes lesquels de plus en plus renoncent aux soins (près de 27% des assurés sociaux.)

Elles s’ajoutent aux déremboursements des frais de transports médicaux qui passent de 65 à 55% après ceux encore plus significatifs des soins dentaires qui passeront à partir du premier octobre de 70 à 60% (décision qui date de juin dernier et qui est passé sous forte chaleur comme une lettre à la poste). Les premières victimes sont ceux des assurés sociaux qui ne pourront se payer une bonne mutuelle. Les complémentaires-santé devront compenser par une prise en charge globale de 500 millions d’euros annuellement. Elles devront en conséquence augmenter leurs cotisations. C’est encore une pierre supplémentaire apportée à la privatisation rampante de la « sécu » amplifiant les inégalités devant la santé.

Les mesures proposées pour l’année prochaine permettraient au gouvernement d’économiser 1,3 milliards d’économies. Mais le gouvernement Macron entend également poursuivre sa politique de lutte contre la fraude sociale (27% de l’objectif global aux dires du gouvernement). Les arrêts-maladies seront pour leur part l’objet de contrôles renforcés comme pour culpabiliser plus encore les praticiens et les patients.

Or, on sait bien que la question du financement de la sécu et de son déficit supposé proviennent d’abord d’un problème de recettes qui d’année en année s’amenuisent sous les coups de butoir d’une politique de l’offre, foncièrement néo-libérale, décomplexée.

En dix ans, entre 2012 et 2022, le montant des exonérations de cotisations sociales, de moins en moins ciblées, a été multiplié par 2,8 grossissant ainsi les aides publiques aux entreprises les plus grandes, sans contrepartie. Cela concourt à l’affaiblissement de la sécurité sociale et se traduit par des déremboursements touchant de façon inégalitaire les couches les plus démunies de la population.

Et le budget de l’Etat…

Côté budget de l’Etat au sens strict le ministre Bruno Lemaire  entend faire des économies à hauteur de 15  milliards d’euros. Rappelons que ces économies se justifient, aux dires du gouvernement, pour courir après une dette qui se monte désormais à 3000 milliards d’euros. Cela prêterait à rire si ces coupes budgétaires n’étaient sans conséquences sur le plan social et se traduisait par une baisse de 6% des budgets consacrés aux services publics dont ceux touchant les hôpitaux dont on sait qu’ils sont aujourd’hui à la limite d’une rupture mortifère.

Les aides à l’apprentissage seraient également touchées tout comme est annoncée la fin des boucliers tarifaires laissant présager une envolée des factures d’électricité et de gaz.

Les aides au logement seront aussi impactées à la baisse par le biais notamment d’une refonte du Prêt à Taux Zéro (PTZ).

Quant aux collectivités locales, elles sont aimablement appelées à un effort de « modération de la défense publique ». Certains élus locaux ne cachent pas leur inquiétude quant à une possible baisse de la Dotation Globale de fonctionnement qui de toute façon aura peine à suivre l’inflation.

Les dépenses sont contenues à l’excès pour faire plaisir à Bruxelles mais aussi à la « finance » dont E.Macron reste le grand ami. Tant et si bien d’ailleurs que les vaches sacrés de la politique fiscale de notre président ne sont nullement remises en cause. Ainsi le gouvernement ne veut-il  pas entendre parler du relèvement du taux de prélèvement forfaitaire unique (la fameuse « flat tax » importé du monde anglo-saxon) que le Modem lui-même, pourtant dans le camp gouvernemental, avait proposé.

Oui, les vaches sont bien gardées au service des plus riches dans un pays où nos 43 milliardaires ont vu leurs revenus augmenter de plus de 20 % en une année seulement (depuis2022).

Nous n’arriverons à sortir de l’impasse que dans l’unité retrouvée d’une gauche qui se rassemble autour d’un projet à la fois réaliste et ambitieux. La balle est dans le camp d’une gauche qui n’aura pas renoncé à sa mission.

JMG


article paru dans le numéro 307 de Démocratie et Socialisme

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