jeudi 19 juin 2014

CFDT ou le coucou du syndicalisme


Il y a bien longtemps que la CFDT, au sens confédéral du terme, n’est plus un syndicat. Je ne vise pas ici les équipes syndicales qui défendent les salariés au quotidien, la nécessité sur le terrain faisant loi, l’idéologie dans ces cas étant à mettre au second plan voire même oubliée dans l’action. Mais je précise que plusieurs structures cédétistes se sont par exemple prononcées, contrairement à leur confédération, au pacte de responsabilité concoctée par le gouvernement Hollande.

Je dis que la confédération CFDT a abandonné l’idée même de combat syndical pour privilégier la négociation au risque de n’être plus crédible aux yeux de ceux qu’elle est censée défendre. Aux yeux du monde du travail la CFDT en effet peut passer pour un syndicat « jaune », c’est une accusation grave mais qui glisse sur le plumage de ses dirigeants lesquels depuis longtemps confondent démocratie sociale et collaboration, parfois constructive d’ailleurs ( mais ça dépend pour qui), avec le pouvoir en place.

Aujourd’hui c’est le gouvernement « socialiste » Hollande-Valls qui en profite, mais hier ce pouvait être celui de Raffarin, Fillon ou d’autres. Et toujours les salariés qui trinquent.

Ainsi de multiples « réformes » ont pu être jugées acceptables parce qu’une confédération dite  "réformiste" avait donné son accord, ce fut notamment le cas de la réforme des retraites en 2003 ou plus proche de nous de l’accord national interprofessionnel en janvier 2014 qui donna naissance à la loi dite de flexi-sécurité de juin 2013 qui n'est forte qu' à déstabiliser notre droit du travail.

La CFDT parle beaucoup de démocratie sociale, mais nous à habitué a signer des accords qui engagent les salariés au mépris du respect qu’elle devrait pourtant au fait majoritaire sur le terrain et dans les luttes syndicales. Elle passe pur le chevalier blanc, responsable, à la différence de l’extrémisme ou du jusqu’au-boutisme supposés de la CGT ou de la FSU. En réalité la CFDT serait encore moins que le peu qu’elle est aujourd’hui sans la détermination et le courage de ceux qui se battent. La CFDT est à cet égard une espèce de coucou qui recueille les fruits du véritable combat syndical et peut dans le même temps appeler à l’arrêt de grèves qui sont tout à fait légitimes, comme celle des cheminots dont l'intérêt se confond avec celui de la société toute entière.

Les conditions du dialogue sont ainsi faites en France ou un syndicat minoritaire, en tout cas dans les luttes, peut servir à asseoir, au nom d’une soi-disant démocratie sociale, des politiques de régression sociale avérée. On prend souvent l’exemple de l’Allemagne. Eh bien en Allemagne, sans vouloir imiter leur système à tout prix, cela ne se passe pas ainsi.

Peut-être un jour un gouvernement de gauche aura-t-il le courage de remédier à cette bizarrerie des rapports sociaux en France.

JMarc Gardère

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