samedi 6 décembre 2014

Méforme territoriale

La réforme territoriale, on l'a vu, est en passe de devenir la grande affaire du quinquennat, mais affaire qu'on n'attendait pas, affaire surprise d'un président en mal de popularité, à la recherche d'une marque qu'il voudrait absolument laisser à la postérité, faute d'autre mesure qui eût été plus utile à l'intérêt général.
Cette réforme désordonnée, encore en gestation, dont on a peine à trouver le sens, ne manquera pas cependant de laisser du désordre ou de faire des ravages dans des services publics déjà fragilisés par des politiques d'austérité visant à satisfaire une commission de Bruxelles à laquelle notre gouvernement se soumet activement.

Cette réforme n'est pas neutre, elle va bouleverser les conditions de travail des deux millions de fonctionnaires et agents publics qui œuvrent sur les territoires décentralisés de la République.

De cela les élus locaux, et encore moins les responsables gouvernementaux, ne parlent, comme si l'intendance allait suivre sans broncher, sans coup férir. De même se préoccupe-t-on assez peu des citoyens ou des usagers des services publics de proximité. Ceux-là devraient pourtant avoir leur mot à dire. Cette réforme, la énième en deux ou trois décennies, ne doit concerner ni les uns, ni les autres, circulez y'a rien à voir, la démocratie locale c'est bien mais à doses homéopathiques.

Ce sont donc les salariés qui la prendront d'abord de plein fouet  dans un contexte oppressant de diminution des dotations aux collectivités appliquée inégalement sur les territoires. Du côté des collectivités et de leurs agents il vaudra mieux être riche et en bonne santé financière qu'être pauvre et malade. Des élus locaux se sont empressés de le clamer : il sera nécessaire de tailler dans les effectifs, il s'agira même, et c'est une proposition de l'association des maires des villes moyennes, de détruire le statut de la fonction publique territoriale pour en produire autant qu'il y aura de collectivités. Alors que certains édiles voulaient la simplification du statut voire sa disparition, on pourrait assister à sa prolifération, sa multiplicité, sa variation, sources probables de complexité, de déséquilibres et d'inégalités.

Cette réforme, on le voit, ne se limite pas au tracés des frontières de nos anciennes provinces même si les grands media ne voient guère que cela.

Bien sûr l'intendance suivra, les fonctionnaires ont l'habitude des réformes inutiles et le plus souvent dispendieuses, ils feront dans l'ensemble là où on leur dit de faire, obligation de réserve ou d'obéissance obligent.

Mais le gâchis, si rien n'est fait, sera bien au rendez-vous, et on aura même un alibi tout trouvé, une excuse, des boucs émissaires :
si les services publics se révèlent moins performants ce sera de leur faute aux fonctionnaires ! de la faute de cette fonction publique dont on accentue périodiquement le démantèlement alors qu'elle est un des principaux fondements de la République.

JMG

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