samedi 14 mai 2016

Qui fait la courte échelle à Juppé ?

Ce sera pire avec la droite, et Valls, Hollande, le gouvernement dans son ensemble, le savent. L'on dirait même qu'ils comptent là-dessus, se servent de la droite comme d'un épouvantail, comme d'une planche de salut : que les autres, en face, déclarent haut et fort qu'ils feront pire que lui. Le piège pour ainsi dire est en passe de fonctionner, sa première étape en tout cas : les candidats "républicains" ou centristes font la course à l’échalote, c'est à celui ou celle d'entre eux de proposer le mieux-disant "libéral", celui ou celle qui aura le plus de "courage" pour réduire les dépenses publiques, et donc tailler dans les services publics, en y détruisant des emplois, comme si cela pouvait constituer la condition unique d'un retour à la prospérité.

C'est dans l'air aujourd'hui, (il y a même une émission à la télévision, qui porte ce nom et qui en instille l'idée, comme l'ensemble des media, peu à peu, ou grossièrement, de jour en jour): les emplois publics empêcheraient la richesse, leur diminution en nombre serait donc le moyen infaillible d'un retour à la "croissance". Cela est dit ou écrit à longueur de journaux, comme autant d'incantations religieuses, sans le moindre début de démonstration sérieuse, ni encore moins de preuves.
Ainsi oublie-t-on de faire l'hypothèse tout à fait plausible qu'au contraire ces emplois, tout en soutenant l'activité, sont de nature à servir la population à un coût social et économique moindre que celui proposé par l'entreprise privée, et pour cause, puisque celle-ci devient de plus en plus le jouet de la financiarisation extrême de notre économie.

Quelles mouches donc les piquent, tous ces libéraux qui poussent le néo-libéralisme jusqu'au bout de la caricature : ainsi Juppé, soit-disant pour atteindre le plein emploi, mais au risque de déstabiliser tous les transferts sociaux, propose ni plus ni moins de baisser les prélèvement obligatoires de 28 milliards d'euros et de réduire les cotisations familles de 10 milliards. Il faut y ajouter son projet de porter l'âge de la retraite à 65 ans et celui de supprimer les 35 heures (il y avait longtemps !). Je ne cite pas les autres, Le Maire, Sarkozy et compagnie, qui font pire dans cette surenchère propre à aggraver les inégalités, comme si celles-ci n'étaient pas déjà assez fortes en France comme dans l'ensemble de l'union européenne.

Nul doute que cette folie néo-libérale, qui plus est à l'approche d'une élection capitale, est encouragée par la politique gouvernementale qui conduit à la démesure et la surenchère dans un conservatisme habituellement attaché à la droite. La loi El Khomry en est le dernier et éclatant exemple. Elle ne créera aucun emploi, et si jamais c'était le cas elle serait plutôt de nature à en susciter des plus précaires. En tout cas elle va dans le sens d'encore plus de précarité et d'instabilité dans le monde du travail. Elle finit d'insinuer dans les esprits que l'emploi à vie c'est fini et que c'est le sacro-saint "marché" en définitive qui désormais devrait être le maître de nos vies.

C'est pourquoi, compte tenu du désastre politique, du rejet qu'il n'a pas fini de susciter, de son inefficacité économique probable, et de sa nuisance sociale assurée, il conviendrait que le gouvernement, dans sa grande sagesse enfin retrouvée, retire son projet, au besoin en convoquant dans le même temps, une grande conférence sociale, digne de ce nom, celle-là même que l'on pouvait attendre après les promesses du candidat Hollande.

Il est bien tard déjà mais le retrait du texte est devenu une nécessité urgente et absolu, si l'on veut sauver ce qui peut l'être encore.

JMG

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