samedi 3 février 2018

Macron à l'assaut de la fonction publique

Ainsi Emmanuel Macron, par l'entremise de Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, veut-il réformer la fonction publique en l'amputant de 120 000 postes de fonctionnaires. C'est un bon début. Rien de tel pour être efficace que de trancher dans le vif, rien de tel pour guérir quelqu'un que de lui couper une ou deux jambes surtout s'il se plaint d'avoir mal à la main.

Oui, parce que les fonctionnaires, quand on ne les met pas au placard comme c'est souvent le cas dans les fonctions publiques, ça paresse, ça fait rien, ça produit rien. Les infirmières, les surveillants de prison, les gars qui vident les poubelles, qui balayent les rues, les travailleurs sociaux, les enseignants, les policiers (ça c'est con, allez dire ça à Collomb) tous autant qu'ils sont, ce ne sont que des feignasses. On dirait pas comme ça, mais c'en est. 

De plus, non contents de manger le pain des premiers de cordée, ils sont à l'origine de l'augmentation de vos impôts, locaux ou pas. Il n'y a donc pas de raison de ne pas faire avec eux ce qu'on fait déjà avec les ouvriers de PSA, de Carrefour ou d'autres "fleurons" de l'économie française, il faut, pour que ça marche, pouvoir les LI-CEN-CIER. Les fonctionnaires doivent participer à l'effort national de lutte pour l'emploi, et le meilleur moyen d'y parvenir c'est de les empêcher de travailler. 

Darmanin, Macron, Philippe, en marche cadencée, tiennent aussi à rémunérer les fonctionnaires, ou ce qu'il en en restera, au mérite. C'est original, c'est grand, c'est courageux, Macron belle gueule c'est quelqu'un qui en a dans le slip au moins, c'est le genre de gars qui sait séparer le bon grain de l'ivraie, une espèce de Bonaparte de temps de paix qui, malgré le danger, court sur le pont d'Arcole sous le feu de bombes à eau lancées par un Laurent Berger.

Car c'est vrai que les fonctionnaires sont trop bien payés, il faut donc que leur traitement soit mesuré, très mesuré à un mérite dont ils devront donner la preuve. Mesure très efficace pour instiller l'idée dans la population que les fonctionnaires sont déjà bien payés pour ce qu'ils font. 

Le plus étrange dans tout ça, le plus amusant, c'est que des mesures pareilles existent déjà depuis longtemps et on se demande pourquoi le gouvernement Macron veut à tout prix en rajouter une couche. N'est-ce pas pour montrer qu'il est encore plus radicalement néo-libéral et anti-fonction publique que ces prédécesseurs ? Qu'il veut faire mieux encore que la droite partisane ? Qu'il se rassure il a mille fois rempli cet objectif.

Le recours aux contractuels, que Darmanin à déclaré vouloir étendre, est une déjà vieille tradition utilisée pour payer moins les gens en leur ôtant les garanties collectives qu'offre un statut, lequel par ailleurs, comme l'a rappelé la CGT, est conçu aussi pour préserver les administrations publiques du clientélisme politique.

Et quant à la prétendue rémunération au mérite, n'est-ce pas le gouvernement Hollande qui a inventé le RIFSEEP, Régime Indemnitaire tenant compte des Fonctions, des Sujétions, de l'Expertise et de l'Engagement professionnel (Décret du 20 mai 2014) ?
Tout, y compris l'arbitraire, est compris dans le titre qui n'est lui-même qu'un beau mensonge. Il signifie l'explosion du statut de la fonction publique.
Macron ici aussi ne fait que continuer un travail largement entamé par Hollande, président "socialiste".

Les départs volontaires ils existent déjà, Sarkozy les avaient voulu en 2008. Cela du reste n'avait donné lieu qu'à un très faible nombre de départs, les indemnités étant ridiculement basses (décret d'avril 2008), et c'était sans compter l’attachement des fonctionnaires à leurs métiers au service de la population.

Ces mesures qui n'ont rien de nouveau sentent fort la naphtaline, elles ne font que confirmer et renforcer la volonté de tuer la fonction publique contre l'intérêt général et l'idée républicaine. 

Elles constituent de surcroît les prémisses ou les conditions de privatisations et de marchandisation des services publics. Macron et son gouvernement entendent les accélérer pour des intérêts financiers dont ils se révèlent plus que jamais les ardents défenseurs.

JMG









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