samedi 25 mai 2013

Affaires étrangères

L’article 2 du projet de loi sur les universités prévoit la possibilité  de cours universitaires dispensés en anglais. L'occasion est trop belle pour montrer du doigt les Français dont on prétend qu'ils ne font aucun effort pour parler l’anglais, ce qui d'ailleurs reste à prouver. Mais jamais on ne dénonce les Anglais ou les Américains qui, dans leur quasi-unanimité, ne parlent pas du tout le français.
Les Français ne sont pas plus nuls que les autres en langues étrangères, par contre ils entretiennent à l’égard du monde anglo-saxon un sentiment très net d’infériorité. C’est parce que l’anglais n’est pas une langue latine que nous avons quelques difficultés à apprendre cette langue. Et la réciproque est vrai, nous n'avons donc aucun complexe à avoir.

Ajoutons que 80 % du vocabulaire anglais est issu du français, grâce à Guillaume le Conquérant surtout.
Pourquoi donc nous donnerions-nous tant de peine à parler une langue, l’anglais, qui s'est faite aussi à partir de la nôtre ? Permettre à l’université française de donner des cours en anglais ne nous rendra pas plus intelligents, et elle encouragera plutôt les Anglo-Saxons à ne pas apprendre le français. Ce serait dommage de leur gâcher ce plaisir.

Cet article 2 est évidemment anecdotique et ne doit pas cacher l'essentiel de ce projet de loi. Il ne revient pas foncièrement sur la loi LRU (loi Pécresse)qui fait qu'aujourd'hui un quart des universités est en déficit et la moitié présente des difficultés financières. Cela entraîne aussi l'augmentation des frais d'inscription pour les étudiants.
Par ailleurs la loi Fioraso baigne toujours dans ce mythe du rapprochement à tout prix de l'université et de l'entreprise privée laquelle est appelée à devenir la source principale de financement des établissements.

Il faudrait au contraire que l'Etat dotent les universités de financements pérennes et les rendent ainsi authentiquement autonomes, moins concurrentielles, et surtout plus démocratiques... De toute évidence, ce n'est pas la direction prise.

                                                            JMG



NB : article paru en partie dans le "Progrès de Lyon" du 24 mai

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