jeudi 29 mai 2014

On ne change pas les équipes qui perdent

Difficile de dire si le gouvernement et le Président de la République  ont bien mesuré l’échec de la gauche et celui du parti socialiste le 25 mai pour ces européennes. Je ne suis pas sûr qu’à un niveau plus modeste, celui de la fédération du Jura du parti socialiste, les responsables politiques en ayons pris beaucoup mieux la mesure.

Cet échec cinglant n’aurait donc servi à rien, faut-il se persuader qu’on ne change pas une équipe qui perd, même au prix de la catastrophe ?

Le FN a gagné ces élections, et ce ne pourrait être qu’un début si on prend ces résultats à la légère comme semble le faire le Président de la République à l’instar d’une belle brochette de responsables ou élus du parti socialiste dans une mélasse idéologique indescriptible empruntée à la droite ou au centre-droit.

Que disent-ils en gros ? Que c’est un cycle d’une crise qui va se terminer, tôt ou tard, bientôt nous dit-on, par un retournement. Ouarf !

Au niveau jurassien le premier fédéral nous écrit : « aucun militant et aucun élu ne doit faillir à son devoir de soutien absolu au Président de la République, au gouvernement et à la Majorité présidentielle".
Je goûte avec gourmandise l'adjectif "absolu". Il est savoureux en ces temps de monarque ou princes républicains déclinants.

 Bien chef, oui chef ! Cela est désolant, cela en dit long sur ce que devient le parti socialiste, un parti dont on voudrait faire des militants de simples godillots  après les avoir forcé à abandonner toute pensée critique. Voilà aujourd’hui ce qui mine le parti socialiste, le déficit démocratique, le manquement aux règles, le mépris en direction des militants, le manque de formation politique qui fait les (jeunes) ambitieux soucieux avant tout de leur carrière.
Alors, depuis deux ans, et c’est là l’essentiel malheureusement, les contre-réformes font florès qui reviennent violemment sur des lois sociales protectrices et de progrès, et dont on ne dit rien sauf à les encenser.
Ainsi en-est-il de la loi de sécurisation de l’emploi qui porte si mal son nom, qui en réalité bouleverse notre droit du travail, issue d’un accord avec des syndicats dit réformistes » telle la CFDT (ou sa direction nationale) dont les militants mêmes découvrent, sur le terrain, peu à peu, les effets négatifs du texte.

Loin de tenir ses promesses, Hollande en applique d’autres, celles que nous avons, alors dans l’opposition, combattues. On pourrait en multiplier les exemples. Jusqu’à la pièce maîtresse annoncée par le 1er ministre, ces cinquante milliards d’économie à faire qui seront de nature à déstabiliser l’Etat et ses services, qu'ils soient centraux, déconcentrés ou décentralisés et qui nous font passer du socio-libéralisme  -on n’ose même plus parler de social-démocratie- à l’ordo-libéralisme inspiré de l’Allemagne d’Angela Merkel.

Plus aucune volonté de progrès social et économique alors qu’il serait temps de parler de retour à une véritable progressivité de l'impôt sur le revenu, d’augmentation des minima sociaux, de réduction du temps de travail. Bien loin la loi des 35 heures de Lionel Jospin et de Martine Aubry qui à l’époque, malgré tout le mal que la droite a pu en dire, a retardé la crise et créé de 300 à 400 000 emplois.

Aujourd’hui on nous parle au contraire de suspension (dernières déclarations du ministre du travail) des seuils dans les entreprises pour la représentation du personnel. Comme si toutes les décisions prises jusqu’alors au bénéfice d’un politique de l’offre ne suffisait pas, voilà qu’on en rajoute dans l’atteinte de la démocratie sociale dans l’entreprise.

Voilà pourquoi le parti socialiste, s’il veut survivre, doit enfin redresser la tête et dire non à toutes ces politiques rétrogrades qui ne servent en définitive qu’à la spéculation financière, et qui tourne le dos à tous ceux, employés, ouvriers, cadres qu’il est encore tout de même censé représenter.

La politique comme la nature a horreur du vide.

Le vide politique se remplit par ceux qui sont arrivés en tête le 25 mai dernier et qui voudraient nous prendre jusqu’au langage.

JMarc Gardère

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