samedi 17 mai 2014

Ils se disent révolutionnaires

On parle de mille-feuille territorial mais ne s’agit-il pas plutôt d’un mille-feuille de réformes territoriales ? Entre communautés d’agglomération (qui devraient se transformer en métropoles…), communautés urbaines, fusion de régions annoncée, suppression des départements, clause de compétence générale supprimée fin 2010, son rétablissement en janvier 2014, puis sa disparition à nouveau annoncée par le 1er Ministre… Bien malin qui aujourd’hui se retrouve dans tout ce fatras. Il faudrait donc se calmer et laisser un peu de place à un minimum de stabilité permettant aux acteurs des services publics de travailler en paix.
La notion de territoire est devenu, depuis 2003 au moins, un enjeu politicien qui laisse de côté ce pour quoi le découpage administratif est fait, à savoir la gestion des services publics locaux dont les citoyens et usagers sont en droit de se partager équitablement les effets.
Car au fond on ne réforme rien du tout, par contre on réduit les moyens des collectivités en taillant dans leurs dotations. Ainsi douze milliards en moins annoncées qui manqueront aux routes, collèges, lycées, aide aux entreprises, assainissement, transports, à l'aide sociale si sollicitée aujourd'hui, et pour cause... C’est donc ça le choc de simplification ?
Si on en croit un chercheur du CNRS ce ne serait pas douze mais vingt-sept milliards d'investissement sur quatre ans qui serait ainsi économisés pour soi-disant rentrer dans les clous des comptes publics au nom du pacte de stabilité. 

Comptes publics qui, pour les collectivités, n'ont jamais souffert de déséquilibre.  Contrairement à l'Etat le vote de budgets déséquilibrés n'a jamais été ni la règle, ni la pratique. C'est donc un mauvais procès que l'on fait aux collectivités chez lesquelles on veut à tout prix importer la crise, quand on veut tuer son chien, on dit, où ici insinue-t-on, qu'il a la rage.
C'est ce qui compte : 27 milliards en moins de fonctionnement et d’investissement publics qui manqueraient à l'activité et qui donc constitueront une source supplémentaire de chômage et de pauvreté.
Cette réforme territoriale, dont on ne connaît pas encore les contours, lesquels se déforment et se reforment de jour en jour, selon les états d'âmes de nos politiciens, n'est que de la poudre aux yeux, elles entend dissimuler l'essentiel, à savoir la disparition prochaine de pans entiers de services publics de proximité.


Cette folie pourrait également avoir pour conséquence, et peut-être est-ce là le but recherché, de faciliter la privatisation de services rentables pour certains investisseurs indifférent, et pour cause, à l'égalité d'accès aux services publics qui est l'un des fondements de notre République.

Manquant d'argent frais pour cause d'austérité, les collectivités, et on sait la fragilité de certains de nos élus devant des lobbys particulièrement efficaces, pourraient être tentés de déléguer au privé des services gérés jusque là par eux-mêmes.
Car, comme pour la santé, pour les retraites, il y a là aussi de l'argent à se faire, des bénéfices à tirer aux dépens des contribuables qui, tout au moins au début, n'y verront que du feu mais qui pourront, bien vite, s'en mordre les doigts. Cela pourrait se faire notamment dans le cadre de partenariats public privé, indolores au début mais qui se révèlent être autant de catastrophes pour les finances publiques. On peut prendre l'exemple de l'hôpital d'Evry, que Manuel Valls connaît bien pourtant.

Si on voulait vraiment réformer nos territoires on s'y prendrait autrement, on commencerait d'abord par une réforme de la fiscalité locale pour la rendre plus juste et plus équitable. 

S'ils ne jouaient encore que leur petit destin politique, mais Hollande et Valls jouent ici les apprentis-sorciers...ils ne se montrent nullement au service des populations. Au passage, ils mettent en péril des milliers d'emplois publics, véritables sources de richesse, alors que notre pays souffre tant du chômage.
Cette réforme n'en est pas une et ils voudraient la faire passer pour révolutionnaire.

JMG



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