jeudi 8 mai 2014

Municipales : retour vers le futur

Ces élections municipales n'auront été finalement que le point d'orgue d'une tromperie généralisée. Fut-elle intentionnelle ? Peut-être pas. Mais le mal est profond.
François Hollande s'est fait élire, le discours du Bourget sur les finances l'atteste, sur un projet de gauche. Il conduit finalement une politique économique "de l’offre", réellement de droite, en évacuant la question sociale. Cela a produit chez nombre de militants un découragement, sinon un écœurement, que nous devons aujourd’hui assumer si tant est bien sûr que l'on décide de ne pas quitter le navire tout à fait. Ne parlons pas de l'électorat qui lui est complètement déboussolé, et impacte la gauche dans son entier, on le serait à moins.

Ne soyons pas naïfs, cela pourrait préparer un retournement, politique celui-là, vers le centre droit, le Modem, l'UDI, dont on voit bien déjà les prémisses. La nomination de Valls comme premier ministre n'est pas le fruit du hasard, dût-on sacrifier encore les intérêts du monde du travail. Doit-on laisser faire ?

Au niveau local et à Lons-le-Saunier, ce qui devait arriver est arrivé. Je passe sur les faux-faits (comme aurait dit Sartre) de l’histoire où on a vu un ancien membre du parti socialiste passé dans l’autre camp pour se faire nommer maire-adjoint par Jacques Pélissard toujours encarté à l'UMP. C’est un grand classique de l’opportunisme, les bénéficiaires n'en furent pas les citoyens en tout cas, et cela met plutôt de l’eau au moulin de la désaffection politique.

Du côté de la gauche, et plus particulièrement du parti socialiste qui existe encore malgré les nombreux avis de décès, cette campagne municipale lédonienne a en réalité été menée en dehors. Bien sûr on me dira que ce n’est pas grave en soi, que les partis ne sont pas l’avenir, que seul le suffrage universel compte, et qu'il faut avant tout faire confiance en la société civile. C’est si vrai que notre candidat s’était déjà auto-proclamé fin 2012, "un homme, une vision" annonçait-il, et s’appuyant sur des "experts" dont certains, peu nombreux au final pour cause de défaite, sont aujourd’hui membres du conseil municipal dans l’opposition. Et en lieu et place de militants qui se battent depuis des années.

Un "parti" s'est dès lors constitué à côté du nôtre le temps des municipales, mais sans respect de la démocratie puisque celle-ci s'élaborait en des formes de géométrie variable. Cela pouvait se traduire notamment par des réunions auxquels certains, à certains moments, pouvaient être convoqués, et à d'autres moments non, selon le bon vouloir de la tête de liste pourtant officiellement désignée par le parti socialiste. Ce dernier allait même jusqu'à ne pas donner au moment ultime la place qu'auraient les candidats sur sa liste.

Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie des partis politiques. Pourtant on n'a rien inventé de mieux si tant est qu'on en respecte ses règles, en l'occurrence celles que le parti socialiste s'était fixées. Mais ce sont des hommes qui composent les partis. Ainsi, pour gagner la guerre des places a-t-on vu triompher l’individualisme, le carriérisme, et l'amateurisme au bout du compte. Voilà aussi pourquoi le parti socialiste est aussi affaibli aujourd'hui, en réanimation, et dont on ne connait pas encore l'issue.

Résultat : il n'y eut pas de projet municipal digne de ce nom, aucun projet phare, sans lesquels on ne peut gagner une ville, et autour desquels on aurait pu créer une vraie dynamique, il n'y eut pas non plus de rassemblement de toute la gauche. L'occasion était pourtant belle de mettre un terme à vingt-cinq ans de mandats consécutifs. Mais non, Jacques Pélissard est toujours là, et, comme on l'a déjà dit, pourra tranquillement préparer sa succession, au besoin en faisant se déchirer les jeunes loups qu'il aura placés en première ligne.

Le contexte national a fini le travail de l'échec. La gauche a perdu parce que l'abstention a gagné des électeurs de gauche découragés.
On est même tentés de ne plus faire appel aux électeurs, de quelque bord soient-ils, puisque le président de la république vient d'annoncer que les élections régionales et cantonales de 2015 pourraient être retardées d'un an pour cause d'une réforme territoriale que l'on veut accélérer. Comme s'il n'y avait pas d'autres priorités.

La droite avait en 2007 fait de même avec les municipales et les cantonales, faisant passer le mandat de six à sept ans pour je ne sais quel prétexte. La gauche au pouvoir l'imite donc au grand péril de la démocratie et du sien. Elle agit ainsi, une fois de plus, contre ses propres valeurs.

Une raison supplémentaire pour que les électeurs viennent aux urnes à reculons, ou pas du tout, la politique ne passant plus à leurs yeux, pour cause d'atermoiement démocratique, comme une chose sérieuse.

Place maintenant aux européennes qui seront hélas à l'image du référendum non respecté de 2005, mais aussi surtout à celle d'une "Europe" libérale incapable de combattre la misère et le chômage.

Il faudra là encore se battre contre l'abstention. On devine qui pourrait sinon tirer son épingle du jeu.

JMG

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