jeudi 5 mars 2015

L'austérité en pratique dans les collectivités

L'austérité, de droite comme de "gauche", n'est pas nouvelle, elle dure depuis déjà de nombreuses années ponctuée de réformes territoriales souvent irresponsables au regard de l'aménagement du territoire, et qui cachent l'essentiel, à savoir la destruction à terme de pans entiers de services publics locaux. Je donne ici quelques extraits d'un tract de la CGT du Conseil Général du Jura sur la question des routes :

"L’organisation territoriale de l’entretien et de l’exploitation des routes du département du Jura sous la responsabilité de la DDE reposait sur 13 subdivisions dans les années 80, puis 11 dans les années 90 et 9 dans les années 2000.

Outre, la maintenance du réseau routier, ces services publics de proximité délivraient les permis de construire, les certificats d’urbanisme et portaient assistance aux communes dans leurs différents projets.

 C’est tout le sens du service public et du système de la redistribution des impôts.

Arrivent la décentralisation et les divers transferts de compétences et de personnels des DDE vers les collectivités.

En 2005, une nouvelle réorganisation du service des routes est à l’étude et aboutie à la nouvelle configuration de celui ci sous l’autorité du Conseil Général, le réduisant à nouveau.

Au 1er janvier 2007, le maillage territorial du service des routes du Conseil Général passe à 6 Centres Techniques Routiers Départementaux. Les 28 Centres d’Exploitation subsistent encore.

Mais c’est encore trop !

 Après de longues études et de multiples réflexions, une énième implantation territoriale apparaît au 1er janvier 2015 :

v    Les 6 CTRD laissent place à 4 agences et 26 Centre d'Exploitation.

Mais dans les décisions de nos décideurs politiques, il y a un sujet qui leur est difficile à compacter, celui du volume des routes, surtout quand celui-ci à tendance à progresser tel qu’avec l’ouverture de la déviation de Lons-le-Saunier.

Réduire nos services et le nombre d’agents devient un problème face aux 3560 kilomètres de routes départementales à entretenir.

Réduire les niveaux de service tel que durant la saison hivernale, c’est déjà en partie fait, mais il reste une autre solution, « se débarrasser » de quelques kilomètres de trop.

Etudes, analyses fines et le verdict tombe : 600 kilomètres de linéaire à brader !

Le 9 décembre dernier, M. le Président du Conseil Général s’adresse par courrier aux maires des communes concernées invoquant les contraintes budgétaires qui nécessitent une optimisation des moyens financiers d’où le besoin de  réduire le réseau routier départemental d’environ 600 kilomètres, a savoir:

v  250 kilomètres de routes qui seraient déclassés du domaine public et rejoindraient le domaine privé en étant fermés à la circulation,

v  350 kilomètres seraient transférés aux communes en précisant qu’une discussion sera conduite avec les municipalités concernées »

Nous pouvons penser qu’il leur est difficile d’aller plus loin dans le principe des « vases communicants », les communes étant le dernier maillon administratif de notre République. Mais ce maillon n’en peut plus de se remplir des compétences des autres sans moyens supplémentaires.
Contraintes budgétaires, désengagement de l’Etat, contexte économique difficile, certes mais bien voulus et bien décidés par des choix politiques.

 Le programme de réductions budgétaires de 50 milliards d’euros pour la période 2015/2017 (19 milliards pour l’Etat, 11 pour les collectivités et 20 pour la protection sociale) établi par le président de la République et son gouvernement pour répondre aux injonctions de la commission européenne sont suicidaires.

 Différents stratagèmes ont été concoctés pour parvenir au redressement du déficit budgétaire ; l’accord national interprofessionnel, le pacte de responsabilité et de solidarité et actuellement la loi Macron pour la croissance et l’activité qui fait couler beaucoup d’encre !!

Nous connaissons la traduction de ces mesures, pour l’Etat ce sont de nouvelles économies de masse salariale avec la poursuite du gel des salaires, de nouvelles suppressions de postes et de missions publiques. De leur côté, les collectivités territoriales sont soumises aux mêmes contraintes. Les associations citoyennes qui sont souvent un lien important dans notre société se trouvent fortement impactées par ces restrictions. Et là aussi on s’achemine vers la destruction massive du tissu associatif et la suppression de milliers d’emplois.

Il est paradoxal que le gouvernement consacre en 3 ans 100 milliards d’euros de crédits publics au « pacte de responsabilité » pour espérer créer 300 000 emplois, et qu’il accepte d’autre part la suppression de plusieurs centaines de milliers d’emplois !

L’austérité : un véritable cadeau empoisonné !!

Le 25 janvier dernier, les citoyens grecs soumis à un régime drastique d’austérité avec une longue période de récession et plus de 25 % de chômage viennent de relever la tête et de dire NON avec l’élection de SYRIZA. Il est certain que la Troïka ne laissera pas faire. Le 5 février, la BCE  contre attaquait déjà en fermant l’un des robinets à liquidités de la Grèce. Le chemin sera long et parsemé d’embûches, mais il ne faudra pas baisser les bras.

Les entreprises du CAC 40 cumulent près de 50 milliards d’euros de bénéfices en 2014, de nouvelles révélations d’évasion fiscale avec l’affaire de la banque HSBC et quelques 180 milliards qui se sont volatilisés démontrent que l’argent existe et qu’il est possible d’inverser ce système économique pervers. Nos dirigeants politiques doivent se distinguer sur le sujet et contraindre les délinquants à régler leur dû.

 Le 9 avril prochain, les organisations syndicales CGT, FO et Solidaires appellent à une grande journée d’actions interprofessionnelles pour s’opposer à la rigueur budgétaire et au recul social inédit." 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire