samedi 2 mai 2015

Pas trop tard


Le congrès de Poitiers serait-il celui de la dernière chance pour le parti socialiste ? Les militants, l’ensemble des adhérents, se posent légitimement la question. Il faut dire que la déception devant les actions du gouvernement depuis mai 2012, parmi plus largement le peuple qui l’a porté au pouvoir, est incommensurable. Il s’agit là d’une débâcle idéologique qui aura des conséquences durables. 
Comment pourra-t-on faire revenir les électeurs, des milliers d’adhérents dégoûtés de la façon dont on a pu les traiter, par la tromperie, par un langage à plusieurs fonds, tout en menant une politique néo-libérale qui aura sans complexe tout oublié de l’exigence sociale et économique ?

Le gouvernement, soutenu par le silence d’une direction socialiste sans conviction, aura appliqué l’essentiel des recommandations de la commission Attali, dans lequel un certain Emmanuel Macron a pu activement siéger, ou bien encore les conclusions du rapport Gallois qui donna naissance aux fameuses mesures de compétitivité des entreprises (le CICE notamment). Ces réformes depuis deux ans n’auront rien donné en termes d’emploi, elles auront revanche coûté quarante milliards supplémentaires que le gouvernement financera par davantage d’austérité avec des effets concrets sur l’ensemble de la population qui n’en finit pas de s’appauvrir dans un contexte d’inégalités croissantes.

Ces mesures auront accessoirement augmenté les dividendes des entreprises lesquels rien qu’en 2014 se seront accrus de 30%.

On aura donc écouté davantage les dirigeants des grandes entreprises, en oubliant les plus modestes. Le Medef n’en demandait pas tant ; et de surenchérir tous les jours dans ces exigences de flexibilisation du droit de travail. D’où l’embarras d’une droite qui se demande même si ses propres parts de marché politiques échapperont à cette confusion idéologique.

Alors bien sien sûr on en vient à se demander à quoi servent les Congrès du parti socialiste. Celui de Toulouse en 2012 pourtant très modéré, s’était terminé par un appel du premier ministre de l’époque, JMarc Ayrault, à un énigmatique « nouveau modèle français ». Cela ne voulait pas dire grand-chose, pourtant bien du monde applaudit et préfigurait ce qu’il advenait des votes de congrès. La nomination de Manuel Valls comme premier ministre finit, si l’on peut dire, de nous convaincre de nos doutes. Le parti socialiste risquait bientôt de n’être socialiste que de nom, on comprenait alors ceux qui revendiquaient l’abandon de ce nom-là pourtant chargé d’histoire. Finalement on se dit qu’on aurait dû les laisser faire et les laissait partir pour un autre parti en effet. 

Le congrès de Poitiers se tient à la croisée des chemins. Il est clair que si la direction actuelle l’emporte, le PS ne sera plus définitivement socialiste, ce malgré tous les éléments de langage de la motion Cambadélis qui voudraient nous faire croire le contraire.
Il ne resterait alors au PS qu’à piétiner les plates-bandes du centre droit. N’est-ce pas ce qu’au fond Manuel Valls voudrait ?

JMG

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire