Le congrès de Poitiers serait-il
celui de la dernière chance pour le parti socialiste ? Les militants, l’ensemble
des adhérents, se posent légitimement la question. Il faut dire que la
déception devant les actions du gouvernement depuis mai 2012, parmi plus
largement le peuple qui l’a porté au pouvoir, est incommensurable. Il s’agit là
d’une débâcle idéologique qui aura des conséquences durables.
Comment
pourra-t-on faire revenir les électeurs, des milliers d’adhérents dégoûtés de
la façon dont on a pu les traiter, par la tromperie, par un langage à plusieurs
fonds, tout en menant une politique néo-libérale qui aura sans complexe tout
oublié de l’exigence sociale et économique ?
Le gouvernement, soutenu par le
silence d’une direction socialiste sans conviction, aura appliqué l’essentiel
des recommandations de la commission Attali, dans lequel un certain Emmanuel
Macron a pu activement siéger, ou bien encore les conclusions du rapport
Gallois qui donna naissance aux fameuses mesures de compétitivité des
entreprises (le CICE notamment). Ces réformes depuis deux ans n’auront rien
donné en termes d’emploi, elles auront revanche coûté quarante milliards
supplémentaires que le gouvernement financera par davantage d’austérité avec
des effets concrets sur l’ensemble de la population qui n’en finit pas de
s’appauvrir dans un contexte d’inégalités croissantes.
Ces mesures auront accessoirement
augmenté les dividendes des entreprises lesquels rien qu’en 2014 se seront
accrus de 30%.
On aura donc écouté davantage les
dirigeants des grandes entreprises, en oubliant les plus modestes. Le Medef
n’en demandait pas tant ; et de surenchérir tous les jours dans ces exigences
de flexibilisation du droit de travail. D’où l’embarras d’une droite qui
se demande même si ses propres parts de marché politiques échapperont à cette
confusion idéologique.
Alors bien sien sûr on en vient à
se demander à quoi servent les Congrès du parti socialiste. Celui de Toulouse en
2012 pourtant très modéré, s’était terminé par un appel du premier
ministre de l’époque, JMarc Ayrault, à un énigmatique « nouveau modèle
français ». Cela ne voulait pas dire grand-chose, pourtant bien du monde
applaudit et préfigurait ce qu’il advenait des votes de congrès. La nomination
de Manuel Valls comme premier ministre finit, si l’on peut dire, de nous
convaincre de nos doutes. Le parti socialiste risquait bientôt de n’être
socialiste que de nom, on comprenait alors ceux qui revendiquaient l’abandon de
ce nom-là pourtant chargé d’histoire. Finalement on se dit qu’on aurait dû les laisser
faire et les laissait partir pour un autre parti en effet.
Le congrès de Poitiers se tient à la croisée des
chemins. Il est clair que si la
direction actuelle l’emporte, le PS ne sera plus définitivement socialiste, ce
malgré tous les éléments de langage de la motion Cambadélis qui voudraient nous
faire croire le contraire.
Il ne resterait alors au PS qu’à piétiner
les plates-bandes du centre droit. N’est-ce pas ce qu’au fond Manuel Valls voudrait ?
JMG
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