mardi 21 juin 2016

Déshonneur en journalisme

Je suis tombé dimanche sur l'émission de BFM "grand rendez-vous politique", pas tombé de bien haut mais quand même, l'heure était, en cet après-midi de juin, humide et sombre, temps de cochon qui allait bien avec cette émission.
Il y avait là, comme pour souligner la grisaille, l'ineffable JPierre Elkabach, d'Europe 1 je crois, une journaliste du Monde aussi (ce que ce "Monde" est devenu !), Fressoz dont je ne me souviens plus le prénom, et  puis aussi un certain Darmon, à ne pas confondre avec l'acteur Gérard Darmon, quoique...on pourrait bien le confondre sous l'angle singulier de la comédie.
Des journalistes se prenant pour des divas, qui se mirent et s'admirent à l'envi devant les miroirs que leur offre les télévisions qu'ils animent.
Tous ces braves gens étaient censés interroger le secrétaire général de la CGT.

J'ai dit "censés", seulement, car en vérité ils ne l'ont pas interrogé du tout. Ces trois journalistes se sont livrés à un véritable interrogatoire : accusé  Martinez Philippe levez-vous ! Elkabach dans le genre a été le meilleur, on voit que cet homme là a du métier. Il posait questions sur questions, comme on lance des briques, sans laisser répondre son interlocuteur. Ce n'était même pas des questions mais bien plutôt des affirmations, des accusations dirigées contre un homme et une organisation syndicale, dans l'exacte tonalité donnée par le pouvoir actuel qui a décidé d'isoler, de criminaliser la principale organisation syndicale du pays.

Pour le coup ce n'était pas des chiens de garde qui étaient à l'oeuvre mais bien une meute enragée dans une chasse à courre. A mort la CGT qui ose appeler à des manifestations alors que nous sommes en péril terroriste permanent, sus à la CGT qui maintenait ses grèves alors que certains de nos concitoyens pâtissaient des inondations, à mort la CGT qui ose encore revendiquer et faire de la résistance alors que nous sommes en crise économique, à mort la CGT qui couvrirait les casseurs, qui même seraient responsables des attaques contre l'hôpital Necker, contre des enfants malades...imaginez les barbares !
Tout ceci à la limite de la diffamation, nos trois journalistes continuent sur leur lancée sans prendre soin, ce qui est pourtant le cœur de leur métier, de vérifier leurs informations, ou d'essayer de comprendre la situation et de la restituer honnêtement à leurs auditeurs, en tirant partie de la présence d'un interlocuteur qui pour une fois pouvait donner une autre vision de la réalité sociale..Mais que valent les réponses d'un syndicaliste aux oreilles de journalistes aveuglés par leurs certitudes et en parfaite méconnaissance du monde du travail ?

Il était difficile dans ces conditions pour Philippe Martinez d'en placer une, et pourtant il s'est bien défendu, il est resté calme, la tempérance était de son côté, à l'opposé de l'image que les media voudrait donner de la CGT et de son secrétaire général.

Cela en dit long sur l'état démocratique de la France aujourd'hui. Pas étonnant que la CGT soit décriée, et avec elle le mouvement social qui souffre d'une criminalisation à peine croyable, alors même qu'est en jeu la survie du code du travail. Les journalistes ici n'en étaient pas vraiment, vecteurs qu'ils étaient de la pensée dominante au sein de groupes de presse concentrés et dont nous avons eu, à l'occasion de cette émission, une fois de plus, l’écœurante représentation.

JMG

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