lundi 13 juin 2016

Pourquoi ils s'en prennent à la CGT

Il se confirme que le pouvoir veut la peau des syndicats, mais pas n'importe lesquels bien sûr, la CFDT est épargnée, et pour cause , mais ni la FSU, ni Sud, ni FO dans certains cas, ni moins encore la CGT, devenue l'ennemie jurée du gouvernement, n'échappent aux attaques gouvernementales. 

Tout syndicaliste sait qu'une organisation syndicale, et plus précisément son appareil, ne peut déclencher une grève sur un simple claquement des doigts ; qu'elle puisse susciter un mouvement certes mais seulement par la sensibilisation ou l'information faite en direction des salariés, ceux-ci restant libres de faire grève ou pas. C'est pourquoi le syndicalisme est un lieu essentiel de la démocratie, c'est pourquoi il est criminel de le criminaliser comme le fait aujourd'hui l'exécutif.

Les medias principaux entendent donner l'image d'une CGT uniquement protestataire et jusqu’au-boutiste qui aurait le pouvoir, dans sa grande capacité de nuisance, de mettre le pays à feu et à sang dans un grève générale imposée à des usagers ou à des citoyens devenus otages d'un syndicalisme réputé irresponsable.
 Cette perception est par ailleurs encouragée par la direction nationale de la CFDT qui essaiera coûte que coûte de récolter les effets d'une lutte dont elle aura par ailleurs critiqué les principaux acteurs. Déjà Berger, son secrétaire général, déclarait dimanche que la CFDT soutenait un projet de loi qui désormais, grâce à la lutte qu'elle avait menée (sic), était devenu tout à fait acceptable. On sait bien sûr qu'il n'en est rien et qu'au contraire le texte, s'agissant notamment de l'article sur l'ubérisation, n'a rien perdu de son caractère nocif pour le monde du travail.

Valls, depuis le début de cette loi travail et des mouvements qu'elle a entraînés, veut en découdre et va plus loin, sous certains aspects, que n'aurait fait la droite dans la répression du mouvement social. Valls n'est pas un social-démocrate, on le savait, avant tout parce qu'il n'est pas un véritable démocrate. C'est l'homme des rapports de force, celui qui a viré Montebourg ou Hamon (même si l'on concède que ce n'était pas le plus grave), lui surtout qui s'avère être un anti-syndicaliste primaire qui n'entend rien au monde du travail, infidèle aux idées pour lesquelles il fut porter au pouvoir  grâce aux militants et électeurs de gauche.
Raffarin en 2003, lors du premier grand conflit sur les retraites avait dit fièrement, et quelques autres après lui, "ce n'est pas la rue qui gouverne", Valls de son côté dénigre précisément la CGT en utilisant un langage guerrier, donnant le ton ou le signal  d'un langage outrancier repris par des "responsables" du patronat ou des media qui vont jusqu'à comparer la CGT à Daesh.
Valls est en retard d'une guerre parce qu'il le veut bien. Cette individualisation, ou plutôt cette discrimination de la CGT, vise à l'isoler pour la réduire si possible à sa plus simple expression, il retrouve là certains accents de la guerre froide toujours présente dans l'inconscient collectif d'une partie de la société française sensible aux thèses de la droite extrême.

Il est malheureux de constater que cette attitude est suivi encore par quelques militants ou sympathisants socialistes. Par charité je mettrai cela sur le compte d'un manque de formation ou d'expérience politique, ou de simple sottise, ce parti étant devenu depuis longtemps un simple lieu où se jouent les ambitions personnelles, sans fond, sans conviction, sans véritable pensée politique.
Lors du dernier congrès du parti socialiste à Poitiers la motion majoritaire dont faisait partie Valls, Cambadélis...se prononçait clairement contre l'inversion de la hiérarchie des normes. Comment peut-on à ce point trahir ses propres engagements et surtout la confiance de ses propres militants !?

La CGT, comme la FSU ou Solidaires, sont les derniers remparts contre la libéralisation du droit du travail et la mutation définitive de notre République en terrain de jeux de la finance mondialisée ou des grands groupes industriels.
C'est ainsi qu'il faut comprendre les attaques de Valls, mais aussi de Hollande, contre le mouvement social. De nombreux militants de la CGT sont aujourd'hui devant les tribunaux, ces comparutions étant sciemment confondues avec celles dont les véritables casseurs sont l'objet.
On notera aussi au passage la différence de traitement avec les manifestants de la FNSEA (qui ont pu se livrer à des exactions ou des destruction de biens publics) et qui furent davantage écoutés sans être pointés du doigt comme peuvent l'être aujourd'hui les militants des organisations qui sont en première ligne pour défendre l'Etat social.

J'insiste sur le fait que cette remise en cause violente d'un syndicalisme d'action et de résistance, auquel se livre de façon légitime la CGT, ne vient pas seulement de l'exécutif gouvernemental. Celui-ci reçoit le soutien paradoxal et contre-nature de la CFDT qui reste dans son rôle désormais habituel depuis plus d'une vingtaine d'années : critiquer les gouvernements en place mais seulement dans la forme pour mieux les soutenir sur le fond dans des contre-réformes néolibérales.

JMG

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