samedi 18 juin 2016

Fin de manif un 14 juin à Paris

Je relaye ici le témoignage de Pierre qui était venu de Normandie pour manifester mardi 14 Juin à Paris, jusqu'aux Invalides où ont eu lieu de violents affrontements avec la police. Ne perdons jamais de vue que les premiers responsables de ces situations de violence sont ceux des politiques qui essayent d'imposer par la force une loi travail, anti-sociale, anti-économique, dont la grande majorité des français ne veulent pas, tout comme la majorité des organisations syndicales.

Malheureusement bien nommées, les Invalides

Comme beaucoup d'autres, j'étais à Paris mardi.
Comme plusieurs centaines d'autres, avec le camarade qui m'accompagnait, j'ai dépassé le service d'ordre intersyndical qui n'avait plus beaucoup d'apparatchiks à protéger au moment où nous l'avons doublé.
Et quelques secondes après, j'étais abasourdi à Duroc, deux des nôtres étendu-e-s au sol, entouré-e-s d'abord de pompiers, puis de manifestants. inanimé-e-s sous des couvertures de survie.

Nous avons avancé, le bus pour la Normandie nous attendait pour 18h00 aux Invalides, fin du parcours déclaré.
et ce fut un déluge de gaz, de camion à eau (je ne le connaissais que dans les sketchs de Felag...).
J'ai hésité à écrire à mon père, pour lui signaler la "douche" que prenaient gratuitement des camarades de sa *confédération.
Mais j'étais trop occupé à scruter les dispersantes qui s'épanouissaient, tantôt en cloche, tantôt tendues, bien mieux qu'un 14 juillet.

Je ne parlerai seulement de ce que j'ai vu (le reste vous y avez accès), l'interpellation, sous mes yeux, par une flic-e de la BAC d'un manifestant, bientôt écrasé par plusieurs de ses collègues tandis qu'elle déclenchait sa gazeuse alentours. J'avais goûté les lacrymos, là c'était corsé.
Me retrouver à étouffer par terre alors que je téléphonais au secrétaire départemental de mon syndicat pour savoir où retrouver le bus, j'ai pas aimé.
Comme dis l'autre, l'omelette, les œufs... c'était rien, avançant vers la Seine pour tenter de sortir de cette immense nasse j'ai vu les flics rivaliser dans l'illégalité. 
Déboulant tel Usain Bolt, un copain était chargé par trois motos, deux montées par des voltigeurs (pourtant interdits, pour des légalistes, on reviendra), et l'autre avec un casqué qui l'a renversé avec sa roue avant, à trois mètres de moi. Le copain s'est relevé, bientôt poussé au sol par le bouclier d'un CRS détaché d'un cordon, extrait par des copains-ines. Sur ce set là, notre camp a gagné et le sprinteur s'en est tiré, rendant ainsi un bel hommage posthume à Malik Oussekine.

Les flics étaient déchaîné-e-s, à tel point que j'ai vu une quadra s'en prendre au dit motard, qui derechef lui foutait sa gazeuse sur le museau.
Dans cette nasse, black blocs, syndicalistes, militant-e-s partisans ne faisaient plus qu'un dans la solidarité et l'autodéfense populaire, tel cette fanfare qui n'a pas arrêté de jouer "el pueblo unido, jamas sera vencido" sous les gaz. J'ai même pensé "camarades" en voyant des militant-e-s de Force Ouvrière s'approprier le répertoire d'action de ce que l'on appelle, loin de toute rigueur, des casseurs.
Révolté et inquiet, au retour, j'ai cherché des nouvelles des blessé-e-s, notamment ceux vu-e-s à terre. 
A défaut de nouvelles, j'ai vu la cause de leur état. vous la verrez ci-dessous :

vous saluer, Hélder Câmara, le fera bien mieux que moi ce soir :

"Il y a trois sortes de violence.

La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. 

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. 

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue."

Pierre

* la CGT

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