samedi 20 mai 2017

Jura, dinosaures, accords et désaccords

Je reviens sur un accord qui a été passé dans le département du Jura pour les législatives de juin prochain. C'est un accord relativement rare dans un contexte généralisé de désunion de la gauche un peu partout en France, un accord exemplaire puisqu'il semble réconcilier les partis de gauche traditionnels : le PS, le PC, et les verts, une gauche plurielle ressuscitée qu'on croyait pourtant et à jamais disparue.

Là où le bât blesse c'est que France Insoumise dans le Jura ne s'est pas associée à cette union. Or aujourd'hui, et dans l'instant politique que nous connaissons, inédit à bien des égards, rien ne se fera à gauche sans l'appui ou l'assentiment de cette (nouvelle) force politique. Sans chercher qui est responsable ou pas de cette désunion, il aurait donc fallu (je sais c'est plus facile à dire qu'à faire) œuvrer à recomposer tous les morceaux de cette gauche éclatée pour espérer son retour, rassemblée, au Parlement.
Cet accord a quelque chose de bien artificiel. A Lons-le-Saunier dans cette première circonscription du Jura, il est en effet étrange et remarquable que le parti communiste accepte de s'allier à un parti socialiste fragilisée et blessé, pour ne pas dire moribond, déchiré qu'il a été ces dernière années par les effets d'une politique gouvernementale ayant abandonné toute référence sérieuse aux idéaux d'une gauche fidèle à ses valeurs.
Cette agonie du PS a donc commencé dès les débuts de la présidence Hollande, sans doute même avant, à la faveur de prises de position de la part de certains responsables du parti, au plan national ou comme ici localement dans le Jura, sans esprit critique ou aveuglé par un esprit de carrière, à la remorque d'un gouvernement plombé par les incroyables trahisons d'un Macron, d'un Valls ou d'un Hollande...

Illustration parmi d'autres : Eddy Lacroix, l'ex-premier secrétaire de la fédération PS du Jura, aura rejoint Macron après avoir flirté avec le Club Perspectives et Réalités (vieux club giscardien du milieu des années soixante-dix que l'on croyait pour le coup disparu). Nous avons donc appris que ce vieux truc vivotait encore dans le Jura, mais comme sont conservés des traces de dinosaures à Coisia ou à Loulle. (j'invite les amateurs de Jurassique Supérieur à se renseigner auprès du comité départemental du tourisme du Jura pour avoir de plus amples informations à ce sujet).

Ce secrétaire fédéral, après une lutte fratricide, avait dû laisser la place à l'encore plus jeune Marc Henry Duvernet, lequel en bon politicien mais en mauvais politique, après avoir semble-t-il hésiter à rejoindre Macron lui aussi, a pu louvoyer au gré du vent. Aujourd'hui candidat aux législatives au nom d'un PS en mal de démocratie, il semble avoir renouer pour la circonstance avec un discours qui lui permette d'accorder son violon avec ceux d'un parti communiste lui-même en grande difficulté dans la région comme ailleurs, ce que ce parti de militants ne mérite d'ailleurs pas.

Et donc voilà, l'unité c'est bien, c'est beau, c'est nécessaire, mais il convient de savoir pourquoi et comment elle s'est faite, et ne pas trop s'illusionner sur sa relative solidité. En réalité on a l'unité qu'on mérite. Et il faut une bonne force de caractère, collective, pour faire sans illusion table rase des désaccords passés.
Pour ma part, je reste sur mon vote du premier tour des présidentielles en le projetant sur la candidature de Gabriel Amard investie par France Insoumise.

Il reste de ce côté un espoir de victoire qui n'aurait rien à devoir au hasard. C'est un mouvement qui a su collectivement construire un projet et un programme, exigence que le PS pour l'heure a abandonné, ne serait-ce que par inanition démocratique

JMG

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