dimanche 19 novembre 2017

Impuissance et colère

La "république en marche", LREM pour les intimes, menée par son premier de cordée bonapartiste,  est en train, à la suite d'au moins deux quinquennats catastrophiques autant pour le pays que pour la gauche, de dilapider la construction sociale que la France avait patiemment et sagement édifiée aux lendemains de la dernière guerre.

Le plus étonnant est que devant cette révolution néo-libérale, archaïque à bien des égards puisqu'elle ne fait que copier jusqu'à la ringardise ce que Reagan ou Thatcher avaient initié dans le monde anglo-saxon, l'opposition apparaît bien faible et en tout état cause pas à la hauteur  du défi ainsi opposé à l'ensemble des citoyens français.

Cette léthargie, cette mobilisation insuffisante, dont les media dépendants des grands groupes se repaissent et se réjouissent, tiennent de plusieurs facteurs.

D'abord la division syndicale orchestrée depuis des années par une CFDT plus que jamais désorientée par ses propres choix stratégiques et dont la direction nationale continue de tabler sur un dialogue social illusoire qui lui permet de ne rien faire et de ne tenter aucune mobilisation de ses troupes.

On peut y ajouter la position de Mailly qui a été de nature durant l'été dernier à déstabiliser son organisation, on le voit maintenant revenir, mais trop tard.

Cela a pour conséquence un relatif isolement de la CGT qui a peine à mobiliser l'ensemble des salariés malgré les attaques du gouvernment qui n'ont jamais été aussi violentes et multiformes. Tous les secteurs du monde du travail ainsi sont touchés y compris bien sûr la fonction publique où l'on revient sur des accords passées avec le gouvernement précédent comme notamment des revalorisations de carrière pourtant bien modestes au demeurant.

Et tout cela dans un contexte de raréaction systémique de l'emploi, avec en corrollaire une pression sur les salaires qui à son tour alimente la "crise".

Voilà pourquoi on peut se désespèrer de ce découragement général du monde du travail dont une bonne partie n'a pas encore mesuré l'ampleur nuisible des réformes en cours qui ne feront qu'aggraver une situation déjà dramatique.

Macron et ses soutiens feraient bien de ne pas se réjouir de l'impuissance citoyenne voire de l'affaiblissement du fait syndical. Cette impuissance n'est que provisoire, mais surtout elle peut être le signe ou le préalable de révoltes plus grandes suscitées par une colère légitime mais de moins en moins maîtrisable, susceptibles pour le malheur de tous de réveiller de vieux démons.

JMG

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