On a beaucoup dit que les députés de la Nupes, et plus encore parmi ceux de la France Insoumise, bloquaient le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, et donc ne permettaient pas le débat sur la réforme des retraites. Il aurait fallu notamment que l’article 7 du projet, celui qui détermine l’âge légal de départ à la retraite, puisse être discuté sans l’obstruction parlementaire dont il aurait été l’objet. Et en effet le vote de cet article par la représentation nationale n’a pu avoir lieu au grand dam du gouvernement qui pensait ainsi écrire dans le marbre ce fameux âge de départ.
Les députés LFI ont multiplié les
amendements voulant ainsi accompagner et soutenir le mouvement social mais avec,
en quelque sorte, les armes de l’impuissance, les seules qui leur soient
données. Même les organisations syndicales ont dans leur ensemble condamné les
actions de ces députés. Et le Front National lui-même, un comble, a su tirer
son épingle du jeu en faisant passer ses députés pour des sages de l’Assemblée.
La polémique ainsi crée, artificielle, ne sert donc
pas la gauche. Elle la sert d’autant
moins que les attaques les plus
virulents sont réservées au groupe le plus important qui compose la Nupes.
Cela bien sûr ne manque pas de
nourrir l’antiparlementarisme qui caractérise la vie politique française. Ce Président dédaigne de respecter la représentation nationale en se servant sans
vergogne des outils que lui offre la Constitution de la Vème république.
La chienlit parlementaire, s’il en
est, c’est lui. L’article 49-3 servis à toutes les sauces budgétaires, et au-delà,
c’est lui ; l’article 47-1 qui permet de raccourcir encore plus le débat c’est
encore lui qui l’utilise, même au risque de l’anticonstitutionnalité.
La Constitution de la Vème
République c’est la cour des miracles de la démocratie ou de ce qu’il en reste,
c’est la courte-échelle faite à E. Macron pour réaffirmer cyniquement son mépris
du peuple.
Ce qui vient de se passer à
l’Assemblée Nationale, ce prétendu foutoir parlementaire, ce tumulte qui peut
sembler infantile et dont la droite, d’un extrême à l’autre en passant par le
macronisme, aura fait ses choux gras, ne sont pas le fruit du hasard : mais
bien plutôt la conséquence naturelle d’un régime constitutionnel qui laisse la
part trop belle à l’exécutif même lorsque, et c’est le cas ici, ce dernier ne
détient qu’une majorité relative (qui un temps a pu donner à certains des
espérances déçues sur une lecture plus démocratique de la Constitution).
C’est pourquoi il convient de ne
pas se tromper d’adversaire, de ne pas se donner plus de bâtons qu’il n’en faut
pour se faire battre. L’assemblée Nationale est à l’image du pays, celle d’une
France bloquée, bâillonnée, qui ne laisse rien passer d’une inspiration
démocratique. C’est pourquoi pour l’heure la rue doit prendre le relais et le
mouvement social rester vivace et combatif.
La victoire est incertaine mais
c’est bien la seule solution donnée au monde du travail pour défendre pour le
moins ce qu’il a de par son histoire durement conquis. Et donc il est impératif
de préparer le 7 mars prochain dans l’unité la plus large possible.
En attendant une VIème République
plus respectueuse de l’intérêt général.
JMG
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