lundi 24 mars 2014

Nous fûmes assez grands pour perdre tout seuls

Grande déception, découragement même, après ces résultats du premier tour des municipales, une certaine tristesse aussi pour Jean-Claude Wambst à Dole. La gauche coule, s’enfonce en même temps que la société elle-même touchée par ces années d’austérité, celles passées comme celles à venir, que l’on avait pourtant l’espoir d’arrêter avec l’élection de 2012. Loin s’en faut, l’austérité organisée continuait de plus belle avec l’élection de François Hollande qui au lieu de la contenir, l’a exacerbée et l’a portée, dirait-on, en but ultime de la politique : moins de dépenses publiques pour faire plaisir à la vulgate libérale, plus encore de monétarisme pour satisfaire les professionnels assistés de la rente boursière.

C’est pourquoi la défaite de la gauche est rageante comme elle était prévisible. La gauche au pouvoir n’aurait jamais dû ni devrait jamais accepter ça : plus de pauvreté pour les pauvres, plus de richesses encore pour les riches. Dans ce contexte, il est presque anormal que le Front de gauche ait fait un petit score, mais c’est parce qu’il fut peut-être victime de ces dissensions internes et fratricides. Je n’y reviens pas, ces responsables feront le ménage peut-être ou si besoin laveront leur linge en famille si tant est qu’il y en est une. Disons seulement que je m’en désespère moi-même car je pense qu’il ne peut exister de gauche sans gauche de la gauche, car c’est par l’esprit critique, bien compris, que l’on parvient à combattre la régression sociale et à œuvrer pour le progrès démocratique.

La défaite de la gauche à Lons-le-Saunier est une de ces répliques d’une politique qui a oublié ses buts et ses espoirs pour ne s’en tenir qu’à une gestion imbécile sans vision à long terme, pour le malheur du monde du travail. Là encore le Front de gauche fait un mauvais score, mauvais score aussi, surtout, pour le parti socialiste malgré ou à cause qu’on ait réussi en en taire jusqu’au nom, et non seulement les idées. La liste MDH était une liste de gauche, et avec une écologiste paraît-il, mais il fallait de toute évidence se forcer à ne pas le dire trop fort pour ne pas effrayer les électeurs ou les bourgeois peut-être. C’est donc très timidement que les électeurs ont déposé leur enveloppe sans y croire, car d’autres se chargeait pour eux d’illusions à bon marché, comme si la triste et suffisante notion d’ouverture politique devait suffire à nous ouvrir les bras de la victoire.

Mais non, ce fut donc une défaite, presque joyeuse, notre candidat gardait le sourire en appelant aux lendemains qui chantent, sauf que ce n’était que des lendemains électoraux qui ne viendront peut-être même pas. On ne rassemblera pas la gauche en invoquant principalement les « projets solides et les équipes compétentes », lesquels ne sont que des slogans publicitaires. Il ne suffit pas d’être solide ou compétent, il faut le prouver. Cette élections de 2014, qui je l’espère ne laissera qu’un mauvais souvenir sans conséquence, ce dont je doute un peu, ne nous en laisse pas même l’occasion.

Le bilan de cette défaite, du point de vue socialiste en tout cas, c’est l’affaiblissement du parti qui a commencé bien avant la défaite sans appel du dimanche 23 mars. Je le redis : les règles démocratiques, qui sont sa seule force, n’ont pas été respectées. La liste s’est constituée en dehors des militants les plus anciens qui en ont été exclus, de fait. On a laissé la place à un jeunisme et à un égocentrisme sans contenu politique véritable qui ne tranche pas véritablement avec des politiques ou un corpus idéologique de centre-droit. On a interdit toute possibilité d’union de la gauche pensant qu’on pourrait gagner tout seul.

Nous, la gauche dans sa globalité, fûmes ainsi assez grands pour perdre tout seuls, laissant à Jacques Pélissard le soin et le temps surtout de préparer tranquillement sa succession. On ne peut que s'incliner, avant de rebondir, peut-être...

JMG

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